top of page

Genèse (4/9)

  • Photo du rédacteur: Bardo727
    Bardo727
  • 24 mai 2021
  • 6 min de lecture

Automne 2019, banlieue liégeoise.


Plusieurs mois se sont écoulés. J'habite désormais en Belgique, où j'ai repris des études après un temps d'arrêt. Ca n'y paraît pas, mais, comme un sportif, c'est dur de reprendre la compétition au haut niveau. Pas facile non plus, notamment lorsqu'il faut passer sa semaine avec des gens qui ont parfois six ou sept ans de moins que soi. Je dois éviter de passer pour le sachant car plus âgé. On est au même niveau dans les cours, après tout.


Mais ça devrait le faire, car je me suis bien préparé. Je sens que je retrouve un très bon niveau intellectuel, physique, du fait d'un moral en hausse. Je me suis lancé un nouveau défi et ça me stimule.


Malgré cela, mon attachement infaillible envers la France rend mon séjour wallon pénible. Je me sens déraciné. Seuls les enracinés peuvent comprendre ce que ça fait de sortir du ventre une deuxième fois. Je ne suis pas quelqu'un d'hors-sol, prompt à faire mes valises tous les six mois. Dans cette société mondialisée, je suis celui capable de naître, vivre et mourir dans la même région. D'ailleurs, les montagnes me manquent déjà. La brume qui flirte avec les sommets lors des temps maussades. C'est comme ça, je l'ai voulu, je m'accroche.


J'ai souhaité un nouveau départ après des années difficiles sur un plan personnel, alors je me dois d'aller de l'avant. Cela fait trois ans que je suis tel un fantôme. Que je trouve que ma vie n'a aucune transcendance, que je me confonds dans la médiocrité. Cela doit changer.


Le projet de la chaîne me permet de tenir bon. Les semaines peuvent s'écouler sans avoir parlé à quiconque ne serait-ce qu'une seule fois ou sans que personne ne me parle. Cette adaptation à la solitude m'aura toujours servie. Mais je suis déjà en proie à des doutes. J'ai parfois le vertige en comprenant que je ne suis plus chez moi, et que tous mes proches sont à 800 bornes de mon lieu de vie.


Après les révisions, les cours, les devoirs et autres tâches domestiques, je travaille sur mon projet. J'ai mis en place une méthode. Je suis convaincu que le fond doit primer la forme. Il faudra que mes vidéos recèlent une qualité audiovisuelle minimale, évidemment. Mais je préfère miser sur le script.


Je me fais une liste de sources pour me permettre de bien préparer les vidéos. Il y a à la fois des vidéos Youtube, mais aussi des sites Internet. Je mets en place la règle de trois. Idéalement, pour un propos allégué, je dois disposer d’au moins trois sources différentes, indépendantes entre elles, qui lui donne du crédit. Celles-ci doivent émaner d'un organisme ou d'une personne dont l'autorité sur la matière est avérée. Moins je suis connaisseur du sujet traité, plus je me dois d'effectuer ce travail. Je reste cependant plus souple lorsqu'il s'agit d'affirmer des choses évidentes.


Si j'ai bien assimilé ce sur quoi je travaille, je peux donc le vulgariser à ma manière pour diffuser le message de manière optimale. Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement. Il faut que des personnes comme mes parents, qui n'y connaissent rien, puissent être en mesure de comprendre ce que j'expose. N'ayant jamais été doué pour les sciences, si je comprends, alors tout le monde peut comprendre.


J'adore écrire. Il y a des mots qui se voient assigner une place précise dans les paragraphes. Souvent, j’emploie des vocables en particulier pour exprimer une même idée. Le script doit presque chanter et dégager un rythme. Il faut que je travaille chaque vidéo comme si elle était unique ; comme si c’était ma dernière. Bon, je sais pertinemment qu'elles ne rencontreront pas toutes le succès, mais l'idée est là.

Je veux choyer notre belle langue, en employant des mots à la manière d'un roman. C'est délicat, puisqu'il ne faut pas tomber dans la caricature non plus, en abusant de tournures alambiquées.

Une fois le script rédigé, parfois sur plusieurs semaines, je le relis à voix haute tout en me chronométrant. Cela me permet de savoir combien de temps environ durera la vidéo, et quelle sera la masse de travail à fournir.

Je répète la vidéo en l'interprétant comme si j'étais face caméra. J'aime bien ça, j'ai le sentiment d'être au théâtre ou à une tribune. Parfois, je me lève et me place au milieu du salon, et prends seul la parole à la manière d'un conférencier. De temps à autres, je m'arrête et regarde où pourrait se placer ma future caméra, comment je me filmerai, etc.


Au cours de l'automne, je prends une décision : je vais lancer plusieurs sections sur la chaîne. Je veux parler d'autres passions, transmettre mon attachement à d'autres centres d'intérêts.


J'ai toujours été passionné d'histoire et de politique. L'année charnière fut 2007. Je me rappelle avoir suivi la campagne présidentielle, en cinquième. Je commençais à regarder Les Guignols. Je me souviens encore du moment où ils ont révélé le vainqueur.

Les balbutiements, les années suivantes. Parallèlement, toujours en train de lire les manuels d'histoire après les cours. Puis, en seconde, tout s'accéléra. Je me savais déjà marginal, alors je m'étais dit que pour plaire aux femmes et être plus social, il fallait que je compense mon retard en société par la culture générale.


Le samedi soir, au lieu d'être avec les camarades aux premières soirées, je préférais regarder des émissions politiques. J'étais déjà convaincu que ma vie ne connaîtrait pas d'essor avant d'approcher la trentaine. J'ignorais que tout cela pouvait avoir des effets pervers...

Dix ans déjà que je suis activement la vie politique. Le Général de Gaulle, au début de ses Mémoires de guerre, se déclare témoin "passionné" mais "réservé" de la vie institutionnelle du pays. C'est pareil pour moi.


Il y aura donc une section histoire et politique. D'ailleurs, étant juriste de formation, ce serait idiot de faire l'économie de ce bagage. Alors on met l'ingrédient dans le saladier. On mélange. On laisse reposer. On cuit.

Résultat : cela s'appellera En Droit de savoir. Je vais rédiger une série de vidéos sur l'histoire constitutionnelle française. Le carrefour entre politique, histoire et droit. Formidable.

J'écris à mon amie Roxane pour qu'elle me repasse les cours de première année de droit sur ce sujet. Je commande les ouvrages de notre professeur d'alors. Couplés aux sites institutionnels et à mes connaissances accumulées au fil des ans, ça devrait être sympathique. Ensuite on fera des séries de vidéos sur la vie politique, des formats courts sur le droit. Et puisque que j'étudie actuellement le système fédéral belge, traiter de l'organisation institutionnelle des pays étrangers pourrait s'avérer fort intéressant.


Et pourquoi ne pas parler philo aussi ? C'est vrai que j'adore ça également... La porte reste ouverte. Mais j'adore Star Wars et James bond aussi... Une section ciné alors ? Pourquoi pas ! Dans ce cerveau bouillonnant, c'est une véritable galaxie qui se profile à l'horizon. Se posera nécessairement la question : mon Univers aura-t-il une fin ?

J'entame donc l'écriture de la série sur l'histoire des constitutions au milieu de l'automne. J'alterne avec les vidéos d'astronomie, ce qui me permet de ne pas être las rapidement.


Je prends aussi une décision d'importance.


Dix ans que des idées politiques se bousculent dans ma tête. Dix ans que pendant que je fais ma vaisselle, mon repassage, je regarde des émissions politiques, des débats, des allocutions, que je lis des mémoires, que je m'entraîne à voix haute dans mon salon à répéter des discours, que j'explore les archives de l'INA (oui marginal, je vous l'avais dit).

Alors c'est décidé, je vais entamer la rédaction de mon manifeste, de mes réflexions politiques. Ne serait-ce que pour moi. Doucement, mais sûrement. Je dois servir la France, quelle-que soit mon envergure.

En travaillant sur la chaîne, je pourrai ainsi faire un aller-retour entre celle-ci et mon ouvrage en devenir. Joindre l'utile à l'agréable.


Je crois que je ne me rends pas compte, à ce moment-là, qu'avec le sport et la musique, ça fait énormément de choses, sans compter les études qui occupent les deux-tiers de mes journées...


Je pense que si je n’avais pas pris le temps, des mois auparavant, de ne rien faire, de m’accorder une période sabbatique, d’introspection, je serais en train d’exploser en plein vol.


 
 
 

Comentários


Post: Blog2_Post
  • Facebook

©2021 par Bardo727. Créé avec Wix.com

bottom of page